Lire la nouvelle de Barbey d'Aurevilly, Le Dessous de cartes d'une partie de whist

Un mystérieux joueur de whist (l'ancêtre du bridge) fait sensation dans le cercle mondain d'une petite ville de province. Qui est ce bel Ecossais possédé par le démon du jeu - qui, impassible, gagne toutes les parties ? Quelles relations entretient-il avec la non moins mystérieuse baronne qui reçoit les joueurs, une femme dont la froideur cache une sensualité maléfique ? Le jeu devient bien vite sérieux quand des empoisonnements sont suspectés. Les masques tombent et le dessous des cartes a l'odeur de la mort.

Cette magnifique nouvelle, portrait de joueurs désabusés et amoraux, dégage une angoisse diffuse, une fascinante "inquiétante étrangeté" .

- Le Dessous de cartes d'une partie de whist,

Jules BARBEY d'AUREVILLY, 62 pages

Première nouvelle des Diaboliques,

publiée dans La Mode, 1850.

PRESENTATION - Les Diaboliques

Dans Les Diaboliques, Jules Barbey d’Aurevilly nous présente plusieurs aspects du Mal : la débauche, le blasphème, le sacrilège, mais aussi la parodie, la duplicité et l’idolâtrie. 

Barbey ne peut s’empêcher de témoigner d’une étrange fascination pour la grandeur vertigineuse du Mal mais il prend le soin au préalable de rappeler son statut d’écrivain moraliste.

Ensorcelé par cette plongée volontaire au cœur des ténèbres, il résiste néanmoins à la tentation d’une apologie de l’infâme et nous montre sans ambiguïté, et surtout, avec une acuité et une grande éloquence, les conséquences néfastes et destructrices des actions inspirées par le Malin.

Le jeu double des personnages

Duplicité dans l’attitude de la comtesse du Tremblay de Stasseville et dans celle de son amant, l’Écossais Marmor de Karkoël.

La comtesse, en effet, est la seule femme à ne point recevoir, si ce n’est quelquefois, dans sa demeure de ville, cet excentrique et génial joueur de whist, se permettant même de lâcher contre lui – comble de l’hypocrisie ! – quelques piques assassines dont elle avait le secret. Rien ne pouvait donc laisser supposer l’existence d’une relation entre ces deux êtres, qui partageaient une indifférence à l’égard de tout, l’Écossais semblant tout de même être passionné par le whist, à l’inverse de la comtesse qui y montrait la même indolence que dans les autres occupations de sa vie, en apparence bien réglée.

Quelle ne sera pas la surprise de l’aristocratique petite ville de Valognes – car c’est bien d’elle qu’il s’agit, même si l’auteur ne la mentionne jamais explicitement – quand le cadavre d’un enfant qui avait vécu sera découvert, après son décès, dans une jardinière de son salon ?

La duplicité de ce couple infernal est d’autant plus effrayante que, lorsque la fille de la comtesse, la jeune et pure Herminie, se mit à tousser, prémices du mal qui devait l’emporter, la comtesse de Stasseville et Marmor n’eurent pas la moindre émotion, alors même que la première portait à son doigt la bague qui avait contenu le poison déjà respiré par sa fille…

Cette tranquillité, cette indifférence, cette absence totale de remords dans le crime commis fait incontestablement de la comtesse la plus diabolique des Diaboliques. Le Mal, en effet, est d’autant plus terrifiant qu’il se cache derrière le masque de la respectabilité, car il semble alors être parfaitement assumé par la personne qui le commet, ce qui paraît inconcevable et intolérable à tout esprit ayant ne serait-ce qu’une once de moralité.

 

Une suggestion du mal

A posteriori, le narrateur dresse un portrait de la comtesse qui aurait dû permettre de comprendre que, sous ses airs de dame, se cachait une démone.

La thématique du reptile rampant y est en effet omniprésente, avec «les écailles et la triple langue du serpent» associée à sa «prudence», avec son «organisation sèche et contractile» (p. 59) ou encore avec les «mille torsades bleuâtres de[s] veines» de ses mains, sortes de serpenteaux, et «sa langue vipérine» qu’elle passait «sur ses lèvres sibilantes» (p. 61) après avoir décoché une de ses flèches acérées et venimeuses.

Barbey d’Aurevilly prend un soin particulier à camper la duplicité de ses personnages, que ce soit par des descriptions physiques précises et dans lesquels les thématiques du serpent et du sang sont omniprésentes, ou par l’accentuation de l’opposition entre le mal commis et l’absence de repentance.

Le résultat est tout à la fois terrible et génial, et surtout beaucoup plus effrayant que s’il décrivait, comme dans tant de romans contemporains, des scènes de crimes très sanglantes.

 

ANALYSE - Le Dessous de cartes d'une partie de whist,

édition Folio classique (ISBN 978-2-07-283135-5) (125 pages)

Lire les pages 7 à 15 (8 pages)

Préface de Johan HuizingaHomo ludens, Essai sur la fonction sociale du jeu, 1938, traduction Gallimard, 1951, chapitre 1 : "Nature et signification du jeu comme phénomène de culture", extrait.

Questions sur la préface

1.Qui est Johan Huizinga ? (voir note 1, page 7)

2. Dans son ouvrage, que dit Johan Huizinga à propos du jeu ? (voir note 1, page 7)

3. Que ressent une communauté de joueurs ? (page 9)

4. Quel est la définition du jeu ? (page 11)

Lire les pages 17 à 19 (3 pages)

Note sur l'histoire du texte par Jacques Petit, éditeur

Questions sur l'histoire du texte

5. Quand Le Dessous de cartes d'une partie de whist a -t-il paru ? (page 17)

6. Qu'a t-on reproché à Barbey dès la sortie de sa nouvelle ? (page 17)

7. Comment Barbey y a-t-il répondu ? (pages 17 et 18)

8. Comment Barbey affirme-t-il le droit du romancier à la fiction ? (page 18)

La nouvelle Le Dessous des cartes d'une partie de whist

(pages 23 à 85, 62 pages)

Lire les pages 23 à 36 (13 pages)

Chapitre I - Prologue 

L'action se situe chez la baronne de Mascranny, un soir d'été. La baronne reçoit chez elle de beaux esprits pour tenir des conversations intellectuelles. Sa maison est un salon littéraire. Le narrateur arrive au moment où on parle de romans. Il propose de raconter une comédie sanglante. Sybille, la fille de la baronne, a peur du récit qui va être fait. Cependant, tout le monde veut entendre l'histoire. Le narrateur raconte alors à la première personne des évènements dont il dit avoir été le témoin. On est dans une petite ville normande pleine de familles nobles, dans les années 1820. Il a 13 ans. La noblesse ne fréquente pas les bourgeois qu'elle méprise. Cette petite noblesse reste entre soi et fréquente seulement quelques anglais. Comme ce petit cercle s'ennuie, on joue beaucoup au whist. 

Questions sur le prologue

9. Où se situe l'action de la nouvelle de Barbey ? (pages 23 à 25)

10. Qui parle au groupe réuni chez la baronne de Mascranny ? (page 27 et note page 119 Page 27. 1. ). En quoi est-ce farceur de la part de Barbey, l'écrivain de la nouvelle ?

11. Comment le narrateur se présente-t-il ? (pages 30 à 36)

Lire les pages 36 à 53 (17 pages)

Chapitre II - Situation initiale 

Le conteur dit qu'il raconte une histoire vraie. Parmi les salons de jeu de whist, il y a celui, certainement le plus réputé, du marquis de Saint-Albans. Une partie se tient chez Madame de Beaumont. On est en août. Monsieur Hartford, un anglais dans l'industrie du coton, vient jouer. C'est un parfait gentleman virtuose du whist. Il est accompagné d'un écossais, excellent joueur lui aussi, Monsieur Marmor de Karkoël, qui vient juste d'arriver chez lui. Ce Marmor de Karkoël est un jeune homme de 28 ans, au visage expressif, avec une mise recherchée. Une partie commence avec Saint-Albans, Hartford et Karkoël. Karkoël se révèle un joueur hors pair, parfaitement maître des cartes et de lui-même. Et c'est durant cette partie que va se nouer l'intrigue entre Karkoël et Madame la Comtesse du Tremblay de Stasseville, la quatrième joueuse de la partie. Madame de Stasseville est une veuve quarantenaire, froide et riche, et à la réputation irréprochable. Sa fille Herminie est très belle.

Questions sur la situation initiale

12. Qui sont Monsieur de Saint-Albans (page 37),  M. Hartford (pages 37 et 38) et M. Marmor de Karkoël ? (pages 40 à 41) ?

13. Comment Karkoël joue-t-il au jeu de whist ? (pages 43 à 45)

14. Comment est décrite la comtesse du Tremblay de Stasseville ? (pages 46 à 53)

Lire les pages 53 à 64 (12 pages)

Chapitre III - partie 1 - Monsieur de Karkoël et Madame du Tremblay de Stasseville

Karkoël comme Madame du Tremblay de Stasseville sont indéchiffrables. Ils ne montrent aucune émotion. Karkoël joue sans cesse au whist. On dirait qu'il n'y a que cela qui l'intéresse dans la vie. Il devient la star des tables de whist et surtout de celle de Saint-Albans. Pourtant, il semble bien que Karkoël et Madame du Tremblay de Stasseville aient une liaison mais qu'ils ne le montrent pas du tout en public. 

Questions sur l'intrigue entre Karkoël et Madame du Tremblay

15. Comment Karkoël est-il décrit ? (pages 54 et 55)

16. Quel place le jeu de whist prend-il dans la vie de Karkoël ? (pages 56 et 57)

17. Quelle attitude la comtesse du Tremblay a-t-elle envers Karkoël ? (page 59)

18. Que se passe-t-il vraiment entre Karkoël et la comtesse du Tremblay (page 64)

Lire les pages 65 à 70 (6 pages)

Chapitre III - partie 2 - La partie de whist des forts

Herminie sa fille semble subitement malade. 

Questions sur la partie de whist

19. Quel incident survient-il à la fin de la partie de whist avec une bague ?

20. Qu'arrive-t-il à Herminie du Tremblay de Stasseville ?

Lire les pages 70 à 75 (6 pages)

Chapitre III - partie 3 - La bague empoisonnée

Peu de temps auparavant, le narrateur a surpris Karkoël remplissant sa bague avec un poison indien. Puis, Herminie meurt mystérieusement. 

Questions sur la bague empoisonnée

21. Qu'est ce que le narrateur avait surpris Karkoël à faire quinze jours auparavant ? (pages 70 à 73)

22. Quel lien le narrateur fait-il entre ce souvenir et l'état de santé d'Herminie ? (pages 73 à 75)

Lire les pages 76 à 85 (10 pages)

Chapitre III - partie 4 - La caisse de résédas 

Après 1830, le narrateur demande ce que sont devenus Karkoël et Madame de Stasseville. Karkoël serait retourné aux Indes. Madame de Stassevile est morte de la même maladie incurable que sa fille, juste un mois après elle. Karkoël aurait eu une liaison avec la mère et la fille. A la fin de sa vie, Madame de Stasseville portait toujours à sa ceinture un bouquet de résédas.  Ces résédas provenaient d'un magnifique jardinière qui se trouvait dans son salon. Après sa mort, on a voulu mettre ces résédas en pleine terre. Et dans la jardinière, on a trouvé le cadavre d'un enfant. L'histoire est terminée. "Quel aimable dessous de cartes ont vos parties de whist ! - dit la baronne de Saint-Albin..."

Questions sur la caisse de résédas

23. Que sont devenus Herminie, sa mère et Karkoël ? (pages 76 à 79)

24. Que s'était-il passé entre Herminie, sa mère et Karkoël ? (page 80)

25. Pourquoi certainement Madame de Stasseville s'était-elle mise à porter des résédas ? (pages 81 à 85, voir page 125 note Page 83. 1.)

 

EVALUATION - parcours d'une ouvre complète (20 points)

En vous aidant de la fiche de lecture, répondez aux questions suivantes :

1. Où et quand se déroule l'action ? (2 points)

2. Dans quel milieu social les personnages évoluent-ils ? (1 point)

3. Décrivez la comtesse du Tremblay de Stasseville (3 points)

4. Qui est Marmor de Karkoël ? Décrivez le personnage (3 points)

5. Quelle est l'occupation principale des personnages ? (1 point)

6. Résumez l'histoire racontée dans cette nouvelle (5 points)

7. Quel rôle joue le jeu de whist dans cette nouvelle ? (3 points)

8. Quelle impression ressentez-vous à la lecture de cette nouvelle de Barbey d'A.? (2 pts)