INGENIERIE DE PROJET PEDAGOGIQUE - I2P

Reconnaissance et cofinancement

La Trousse à projets est une plate-forme numérique au service de projets éducatifs et pédagogiques bénéficiant aux élèves scolarisés de la maternelle au lycée.

Elle permet aux enseignants et aux membres de la communauté éducative de faire connaître leurs initiatives et de collecter les fonds nécessaires à leur concrétisation. Elle offre à tous, familles, relations ou particuliers qui veulent soutenir l'Ecole, entreprises ou associations, la possibilité de contribuer à la réalisation de projets validés par l’Éducation Nationale.

Le financement participatif

C'est l'association d'un grand nombre de personnes investissant de petits montants qui permet aux porteurs de projet de trouver les fonds qui leur sont nécessaires. Né dans les années 2000 aux Etats-Unis, le financement participatif s'est imposé rapidement en France et dispose d'un cadre légal depuis 2014. A travers la collecte de fonds, des communautés se créent autour de projets et de valeurs partagées.

La Trousse à projets est à l’initiative de l’Office central de la coopération à l’école (OCCE), du Réseau Canopé, du Crédit coopératif, du Fonds numérique pour l’école (FPNE), et du ministère de l’Éducation nationale, de l'Enseignement supérieur et de la Recherche. 

 

La démarche de projet pédagogique 

La démarche de projet pédagogique est intéressante et gratifiante. Elle permet de lutter contre la pression du calendrier scolaire en calibrant en amont le poids des cours et des activités pédagogiques dans la grille horaire du professeur. Elle contribue à gommer le phénomène d'usure voire d'ennui qui peut entamer la détermination de l'enseignant face à des élèves qui ne sont pas toujours demandeurs de la culture que les programmes officiels veulent leur faire partager.

 

Les activités pédagogiques proposées aux classes au sein du projet du professeur font des élèves non plus des consommateurs mais des acteurs de leur éducation. Elles les valorisent et leur redonnent confiance en eux. Elles redonnent du sens à leurs apprentissages scolaires. Elles contribuent ainsi à lutter contre le fléau du décrochage. Les élèves s'impliquent davantage, les problèmes de discipline s'estompent.

 

Mais la démarche de projet pédagogique n'est pas pour autant une panacée et elle est par ailleurs très exigeante. Elle demande beaucoup de préparation et de réflexion. Elle suppose une bonne connaissance des élèves, des programmes, du projet d'établissement. Elle réclame du professeur une large dose de psychologie et d'empathie envers les jeunes qui lui sont confiés. Elle demande une articulation fine entre cours classiques menés en classe et cours sous forme d'activités pédagogiques conduites dans ou hors de la classe dans le cadre du CDI, de l'établissement, d'une sortie ou d'un voyage.

 

Néanmoins, s'engager dans la démarche I2P, c'est découvrir tout un pan souvent inexploré de la pédagogie.

 

L'encadrement du projet pédagogique du professeur

Le projet pédagogique doit comporter un thème général qui permet de l'identifier clairement. Ce thème permet son rattachement au projet d'établissement et lui donne ainsi sa légitimité (le projet d'établissement étant lui-même rattaché à la Stratégie académique pluriannuelle).

http://barbeypedagogie.jimdo.com/6-projets-pedagogiques/

 

Orientations du Ministère de l'Éducation Nationale

    → Stratégie académique pluriannuelle

        → Projet d'établissement pluriannuel

           → Projet pédagogique du professeur annuel ou pluriannuel

              → Activités pédagogiques annuelles animées par les élèves

 

Il sera ensuite décliné en actions pédagogiques toutes rattachées au thème central du projet annuel ou pluriannuel du professeur afin de lui donner une cohérence. Enfin, le professeur prévoira les ressources pédagogiques nécessaires au bon déroulement d'une part des cours qu'il conduit devant les élèves et d'autre part des activités pédagogiques transversales et pluridisciplinaires que les élèves animent et que lui-même encadre.

http://barbeypedagogie.jimdo.com/5-ressources-pedagogiques/  

 

Le protocole d’ingénierie de projet pédagogique – I2P

1. Faire un diagnostic de la classe

Il s'agit d'abord de savoir quel projet pédagogique développer et pour quelle classe. La méthode didactique de Vigotsky suppose, très succinctement, de partir de l'acquis de l'élève. Il s'agit ensuite d'élargir ses champs de connaissances vers celles qui sont appelées aux programmes. Il est donc utile au professeur de savoir où en sont les élèves des classes qui lui sont confiées.

 

Par exemple, pour des élèves de Seconde, l’évaluation du socle commun des connaissances peut être ici un bon outil. Une évaluation du socle permet au professeur d'orienter son travail pédagogique.

http://cache.media.eduscol.education.fr/file/socle_commun/74/7/socle-C5-Contribution-des-disciplines_161747.pdf

 

2. Évaluer les possibilités et les centres d’intérêt des élèves

Les premiers contacts avec les élèves des classes qui nous sont confiées sont déterminants. En effet, pour pouvoir mener à bien la démarche I2P, il est indispensable d’obtenir l’assentiment des élèves. Le projet pédagogique demande une coopération étroite entre les élèves, le professeur, les collègues impliqués, d’éventuels partenaires extérieurs, le chef d’établissement, l’inspecteur de la discipline enseignée. Mais, la base, ce sont les élèves, le centre de l’action, ce sont les élèves, les bénéficiaires, ce sont les élèves.

 

Si l’on veut réussir, il faut installer d’emblée un climat de confiance et de respect mutuel. Cette condition est de toutes façons requise même dans le cadre d’un enseignement plus classique mais a fortiori dans la conduite d’actions pédagogiques I2P. Quelques bons outils issus de la méthode didactique de Vigotsky sont ici utiles : l’empathie et l’écoute active.

 

Après s’être présenté soi-même, on peut demander à chaque élève de faire la même chose et d’indiquer ce qu’il aime faire dans la vie. On peut ensuite présenter le programme qui sera traité durant l’année et expliquer qu’une partie des cours peut se faire sous la forme d’actions pédagogiques. On peut citer des exemples et voir comment les élèves réagissent. On peut ensuite lister les centres d’intérêts globaux de la classe et en fonction, on met au point un projet pédagogique adapté. En terme chronologique, tout doit être calé à la fin du mois de septembre.

 

3. Sélectionner les parties du programme qui seront traitées en activités pédagogiques

Toutes les parties du programme ne se prêtent pas à la démarche I2P. Il n’est pas non plus forcément souhaitable de vouloir à tout prix traiter tels objet d’étude ou sujet d’étude sous forme d’activité pédagogique parce qu’on en a simplement envie. Il faut plutôt analyser le programme et ses composantes, mettre en adéquation les moyens et les ressources pédagogiques qui sont à notre disposition et prendre en compte le niveau global des élèves de la classe qui nous est confiée. Il importe de bien peser la faisabilité des actions pédagogiques choisies pour traiter telle ou telle partie du programme.

 

Par exemple, en Seconde, l'objet d'étude La construction de l'information peut être traitée dans le cadre d'un projet transversal sur toute l'année alors que les deux autres objets Des goûts et des couleurs, discutons-en et Parcours de personnages seront traités plus classiquement. Les actions pédagogiques traitant l'objet d'étude concernant La construction de l'information pourront porter sur la construction d'un journal lycéen, sur la participation de ce journal au Concours Varenne de la presse lycéenne, la participation à la Semaine de la Presse dans l'École et/ ou à une opération du type Marathon blog. Les élèves pourront obtenir une carte de journaliste lycéen délivrée par l'association Jet d'encre. D'autres acteurs seront partenaires, ce qui fait la richesse de l’activité pédagogique, tels que le service culturel du rectorat, le CLEMI, la fondation Varenne, les médias.

http://barbeypedagogie.jimdo.com/7-activites-pedagogiques/la-construction-de-l-information/

 

4. Définir le projet pédagogique afin de le partager avec l’équipe pédagogique

Il est très important d'adopter une approche interdisciplinaire pour mener le projet à bien. En ce qui concerne l’enseignement du Français, de l'Éducation civique, de l’Histoire et de la Géographie, un partenariat naturel est à envisager avec la professeure documentaliste. Mais, d’autres collègues de l’enseignement général comme de l’enseignement professionnel peuvent être sollicités.

 

Il faut tracer un cadre contraint avec les élèves : le respect du programme, les évaluations des productions et des acquisitions, la bonne tenue dans les travaux de groupe tels que les recherches documentaires et la rédaction de textes de genres différents.

 

Dans ce cadre clairement défini, les élèves s'exprimeront librement.

 

Dans l'exemple choisi, un travail avec la professeure documentaliste est indispensable. La documentaliste rappellera les règles d'utilisation du CDI et de ses ressources. Les élèves pourront choisir les thèmes de leurs articles, le titre et les rubriques de leur journal, sa présentation. Chaque choix des élèves sera l'occasion pour le professeur de Français et/ou la professeure documentaliste, de conscientiser la démarche pédagogique en traitant les différentes parties du programme.

 

Les médias disent-ils toujours la vérité?

A. Découverte de la presse écrite (périodicité, rubriques, l'article de presse, glossaire)

B. Le code de déontologie du journaliste (dépôt pédagogique, l'ours, Charte du journaliste jeune)

 

Comment s'assurer du bien-fondé d'une information

A. La question des sources

B. Les ressources du CDI

C. La photographie de presse et l'objectivité (le photojournalisme et la réalité)

 

Peut-on vivre sans s'informer ?

La Une (définition, fonctions)

La Revue de presse (définition, contenu, méthode)

 

Une grille d'évaluation des articles pourra être mise au point conjointement entre le professeur de Français et la documentaliste. Le suivi du journal sera assuré par un comité de rédaction formé de quelques élèves volontaires de la classe, comité qui pourra se réunir régulièrement au CDI dans le cadre d'un club journal par exemple. La correction des articles sera l'objet de cours de français sur les marques de la modalisation, la forme passive, la valeur des temps simples du présent et du passé de l'indicatif.

 

5. Déterminer la masse horaire consacrée aux activités pédagogiques

Il est très important de placer le projet à l'intérieur même du programme et de définir son poids horaire par rapport aux cours que le professeur va mener. Ainsi, une partie du programme peut être traitée sous la forme d'une ou plusieurs activités pédagogiques tandis que les autres parties seront menées d'une manière plus classique dans le cadre de cours magistraux.

 

Tout le programme doit rentrer dans le même volume horaire, qu'il soit traité en cours dans la classe ou sous forme d'activités pédagogiques. Ainsi, la question du bouclage annuel du programme ne se pose pas, réduisant ainsi en amont l'angoisse de la pression du calendrier scolaire.

 

6. S’assurer de la disponibilité des ressources aux plages horaires hebdomadaires prévues

Les activités pédagogiques demandent régulièrement de sortir de la classe. Elles peuvent être conduites au CDI le plus souvent mais aussi dans une médiathèque, un musée, lors de la visite d’un site patrimonial, etc.

 

Il faut donc s’entretenir avec la professeure documentaliste afin de déterminer les plages d’utilisation du CDI sans le monopoliser. Il importe que les activités pédagogiques menées n’engendrent pas de frictions avec les autres collègues qui eux aussi peuvent avoir besoin d’utiliser le CDI.

 

La professeure documentaliste sera d’autant plus encline à coopérer avec vous dans le cadre de votre démarche I2P que le CDI ne deviendra pas dans ce cadre précis une salle de classe externe mais bien un espace de mutualisation des savoirs qui sont à transférer aux élèves. La professeure documentaliste devient ainsi un partenaire à part entière et peut intervenir dans le cours et même en conduire certaines parties avec vous. La professeure documentaliste n’a pas de public captif, elle dépend du bon vouloir des professeurs si ceux-ci veulent bien lui prêter les élèves de leur classe pour mener une activité pédagogique liée à la recherche documentaire. Il s’agit de créer un binôme réciproquement gagnant pour les élèves dans le respect des attributions et des compétences de chacun.

 

Par exemple, dans le cadre de l’objet d’étude portant sur la Construction de l’information en Français en Seconde, la professeure documentaliste pourra conduire certaines séances de cours au CDI auprès de nos élèves et en notre présence, parfois à deux voix, telles que :

 

- Découverte de la presse

  (périodicité, rubriques d’un journal, l’article de presse, glossaire)

- Attributions et obligations du journalisme

  (dépôt pédagogique, ours, code de déontologie)

- Revue de presse

  (techniques du traitement des informations, problématique, questionnement)

- Une d’un journal

  (définition, fonctions, mise en page)

- Réalisation d’un article de presse

  (titre, chapeau, attaque, corps, chute, pyramide inversée)

- Recherche documentaire

  (périodique, documentaire, site internet, BCDI, droits d’auteurs)

- Photographie de presse et objectivité

 

Cette coopération étroite entre documentation et enseignement du français est féconde et produit en général d’excellents résultats chez les élèves.

 

Pour ce qui est maintenant de l’utilisation de certaines salles de l’établissement telles qu’une salle multimédia ou d’un amphithéâtre, l’accord préalable du chef d'Établissement pour la conduite du projet pédagogique du professeur facilitera grandement leur réservation. Mais là encore, il conviendra de ne pas gêner les autres collègues et de ne pas monopoliser les ressources de l’établissement.

 

En ce qui concerne la mobilisation de ressources extérieures, le lien étroit avec la professeure documentaliste sera là aussi grandement facilitateur. En effet, ce professeur connaît souvent bien les différents intervenants. Elle peut prendre contact avec eux, affiner les contenus des activités pédagogiques proposées pour qu’elles soient bien en adéquation avec le programme à traiter, aménager les plages de visites (jour, heure, nombre d’élèves et d’accompagnateurs, participation financière le cas échéant). Néanmoins, il faudra disposer d’au moins deux heures pour pouvoir sortir de l’établissement, conduire l’activité pédagogique et revenir. L’idéal serait de disposer de trois heures consécutives afin de ne pas interférer avec les grilles horaires des autres professeurs.

 

7. Obtenir les accords de principe du chef d'Établissement

Encore une fois dans l’idéal, il faudrait obtenir l’enseignement du Français et de l’Histoire-Géographie avec la même classe dans un souci de transversalité et dans cet horaire global obtenir au moins une plage de trois heures afin de pouvoir mener une activité qui demande de s’immerger et/ou de sortir de l’établissement. Dans la réalité, c’est souvent impossible à cause des contraintes liées à la confection des emplois du temps. Mais l’expérience montre que, même avec des classes avec un enseignement dans une seule matière et avec des plages de deux heures (ce qui est assez courant), on peut mener relativement facilement une démarche I2P.

 

Ce qui est essentiel en revanche, c’est d’obtenir en amont les accords de principe du chef d’établissement. En effet, rien ne sert de s’engager dans cette démarche sans l’accord du proviseur, elle est par avance vouée à l’échec. C’est pour cette raison que, vers le début du mois d’octobre, après avoir tracé un projet pédagogique viable avec les élèves et obtenus les accords de principe des partenaires pédagogiques pour le mener à bien, il est fortement conseillé de s’entretenir avec le chef d’établissement pour lui expliquer la démarche et lui remettre un document prévisionnel du déroulement des actions prévues. Un tableau succinct accompagné d’une chronologie peut faire l’affaire.

 

Lors de cet entretien, il convient de rassurer le chef d’établissement et de lui montrer la plus-value pédagogique de la démarche I2P et l’apport substantiel en termes d’image positive qui en découle pour l’établissement, ce qui se vérifie toujours. Une fois l’accord de principe obtenu, il faut démarrer le projet sans plus attendre car l’année devient très courte dans cette configuration de travail. Ensuite, il faut tenir régulièrement informé le chef d’établissement du bon déroulement des actions pédagogiques qui ont été engagées avec son accord préalable.

 

8. Présenter les actions pédagogiques à la classe et obtenir le consentement des élèves

Avant la mise en œuvre de chaque action pédagogique, il convient d’expliquer clairement aux élèves ce qu’on va faire, comment ils vont le faire, dans quel cadre d’enseignement ils vont animer cette action, quels sont les résultats escomptés et comment leur travail sera évalué. Il convient en effet de sécuriser au maximum l’élève participant qui n’est pas habitué à cette forme de travail scolaire.

 

Par exemple, dans le cadre de la confection d’un article de presse, l’élève aura d’abord suivi les différentes séances constituant la partie théorique. Une fois s’être assuré que tout le monde a bien compris (par exemple sous la forme d’exercices qui sont ensuite corrigés en classe), on passe à la partie pratique de l’action pédagogique. On peut faire des groupes. En général, ils se constituent naturellement par affinités. Chaque groupe travaille librement sur le sujet qu’il choisit. Il faut que le travail soit réparti. L’un pourra faire telle recherche pendant qu’un autre commencera à monter l’article sous la forme de l’article de presse. Un troisième cherchera des photos adaptées. Les groupes ne doivent généralement pas dépasser trois élèves sous peine de devenir ingérables. Il faut s’assurer en outre que chacun travaille au sein de son groupe.

 

Donner du sens est très important dans l’esprit de nos élèves. C’est un point essentiel de la méthode didactique de Vigotsky. Le psychosociologue russe expliquait qu’il fallait partir des acquis de l’apprenant pour pouvoir ensuite l’amener progressivement vers de nouveaux apprentissages intelligibles pour lui. Le scientifique appelait ce point de rencontre pédagogique entre le pédagogue et son élève, la zone proximale de développement (ZPD). Cette zone cognitive est à l’intersection des nouveaux savoirs que l’on veut transmettre et que l’élève doit acquérir. La question du sens est ici primordiale. Si l’élève comprend pourquoi le professeur lui demande d’apprendre telle ou telle chose et à quoi cela va aboutir, il entre de lui-même dans le processus d’apprentissage.

 

Dans l’exemple, le fait que leurs articles seront publiés sous leurs noms, que le journal sera leur production, qu’il sera l’objet d’une diffusion au sein de l’établissement et à l’extérieur, qu’il concourra à un prix de la presse lycéenne, donnent aux élèves, pour le coup apprentis journalistes, l’envie de faire pour le mieux. L’expérience montre qu’ils s’y impliquent fortement avec de bons résultats.

 

9. Mener le projet pédagogique de façon transversale et pluridisciplinaire

La richesse de la démarche I2P se rencontre surtout dans sa transversalité et son interdisciplinarité. C’est ce qui en fait ses véritables caractéristiques. En effet, au contraire du cours magistral en face de la classe, les élèves sont transportés dans d’autres espaces et travaillent avec d’autres intervenants, leur professeur restant cependant pour eux la référence pédagogique principale. Avec des repères pédagogiques différents, ils font d'autres découvertes et explorent de nouvelles routes du savoir.

 

Les interventions d'autres professeurs sur la même activité pédagogique les ouvrent à de vastes champs de connaissances complémentaires et leur permettent de comprendre la cohérence des enseignements proposés par les programmes. On touche à nouveau ici à la question de la prise de sens des enseignements dans l'esprit de nos élèves.

 

Le fait que des professeurs d'enseignement général (Lettres, documentation, arts appliqués, langues vivantes) travaillent ensemble et avec d'autres collègues d'enseignement professionnel peut surprendre les élèves au point de les désorienter. Mais, l'expérience montre que généralement leur surprise fait rapidement place à leur intérêt puis à leur engagement dans l'action proposée par leur professeur.

 

10. Évaluer les élèves et faire le bilan du projet pédagogique

L’expérience sur une période de cinq ans montre que les élèves sont ravis de ce qu’ils ont accomplis dans le cadre des actions pédagogiques qu’ils ont animées et que le professeur a encadrées. La participation à divers concours leur a amenés une reconnaissance extérieure par l’attribution de différentes récompenses : prix, trophée d’expression orale, diplôme citoyen, etc. Des articles de presse, une communication sur le blog du lycée, louant leur participation et leur enthousiasme les mettent en valeur et leur redonnent confiance en eux.

 

Une reconnaissance interne est aussi pour eux un puissant moteur pour les encourager à donner et à continuer de donner le meilleur d’eux-mêmes dans leurs études. Cela peut prendre la forme d’une photo prise avec le chef d’établissement, d’une petite cérémonie de récompense, d’un petit discours de félicitations adressé à la classe qui a réussie une belle prestation pédagogique.

https://www.barbeypedagogie.fr/page-d-accueil/palmares-de-lyceens-professionnels/

 

Les résultats dans la discipline enseignée sont globalement corrects et le taux de réussite aux examens et au moins aussi bon que par la conduite exclusive de cours magistraux classiques.

http://barbeypedagogie.jimdo.com/9-orientation-résultats/résultats-aux-examens/

 

La plus-value se situe dans le fait que les élèves sont actifs dans leur enseignement, qu’ils gagnent en respect des consignes, en respect de l’autre, en respect du professeur et des intervenants. Là aussi, le recul démontre que les classes sont moins sujettes à l’indiscipline et s’intègrent mieux. Il faudra analyser plus profondément les taux de décrochage mais globalement, au moins une expérience conduite pendant un an dans un lycée auprès d’élèves en difficultés, a démontré que les élèves décrochent moins et s’intéressent davantage à leur cursus scolaire.

http://barbeypedagogie.jimdo.com/7-activites-pedagogiques/expérimentation-elp-2010-2011-agir/

 

Le bilan du projet pédagogique annuel et de chacune de ses actions permet de faire le point et de constater la plus-value pédagogique globale réalisée. Ce bilan devient un outil de mesure et de projection dans la réalisation d’actions futures. En outre, il est remis au chef d’établissement et à l’inspecteur de l’enseignement de la discipline qui pourront en tirer les analyses qu’ils voudront et en faire un retour d’expériences.

 

 

Les étapes du protocole I2P

1. Faire un diagnostic de la classe

2. Évaluer les possibilités et les centres d’intérêt des élèves

3. Sélectionner les parties du programme qui seront traitées en activités pédagogiques

4. Définir les activités pédagogiques au sein du projet afin de les partager

5. Déterminer la masse horaire consacrée aux activités pédagogiques

6. S’assurer de la disponibilité du CDI aux plages horaires hebdomadaires prévues

7. Obtenir les accords de principe du chef d'Établissement

8. Présenter les activités pédagogiques à la classe et obtenir le consentement des élèves

9. Mener le projet pédagogique de façon transversale et pluridisciplinaire

10. Évaluer les élèves et faire le bilan du projet pédagogique

 

Les activités au sein du projet pédagogique peuvent revêtir au moins trois formes : Une action qui peut émerger en septembre et être réalisée dans l'année scolaire (I2P-A1), une action plus lourde qui demande à être préparée une première année pour être ensuite réalisée la seconde année (I2P – A2), une action à plus long terme (I2P - A3).

 

Dans la rubrique Activités pédagogiques, les activités sont classés en I2P-A1, I2P-A2 ou I2P-A3 afin de permettre une identification rapide.

http://barbeypedagogie.jimdo.com/7-activites-pedagogiques/ 

 

Entrer dans la démarche I2P

On constate malheureusement qu'encore trop d'élèves décrochent. Et beaucoup d'élèves donnent l'impression de s'ennuyer, de trouver le temps long à l'école. Ils disent parfois leur incompréhension des apprentissages qu'on veut leur dispenser. Certains pensent s'être trompés de voie et veulent en changer en cours de route. Quelques uns déclarent avoir été orientés par défaut et considèrent leur cursus en lycée professionnel quasiment comme une punition de la part de leurs professeurs de collège.

 

Dans ce contexte, force est de constater que l’enseignement magistral, uniquement centré sur un cadrage classique exclusivement basé sur des cours donnés en salle de classe en face-à-face avec les élèves avec à la clé évaluations, contrôles et résultats, a atteint ses limites. Il convient donc d'être réaliste sous peine d'être amené à baisser les bras.

 

La démarche I2P ne vise pas à 'faire plaisir aux élèves' par des activités ‘ludiques’ voire ‘démagogiques’ mais bien à trouver une stratégie capable de captiver à nouveau leur attention, de les ramener vers les processus d'apprentissage, de retrouver le chemin de leur intérêt pour les études. Et ce n'est pas une mince affaire. Tout ce qui peut être fait pour la réussite de nos élèves mérite d'être en tous cas entrepris.

 

La démarche I2P fait partie de l'arsenal pédagogique que l'on peut déployer pour tenter de remédier à l'échec scolaire et au désintérêt latent de certains élèves pour la chose intellectuelle, pour la lecture cursive, l'écriture longue, une belle oralité de la langue. Néanmoins, elle ne peut être que complémentaire à l'enseignement magistral. Il s'agit seulement d'introduire une dose raisonnée de pédagogie différenciée. La présente proposition de l'introduction d'ingénierie de projet pédagogique dans l'enseignement cherche à trouver le chemin de l'équilibre entre ces différentes formes de délivrance du cours inscrit au programme : cours magistraux d'une part, actions pédagogiques d'autre part.

 

Avec le recul de plusieurs années, l'ingénierie de projet pédagogique a déjà montré son utilité. Tout en gardant à l'esprit que cette méthode complémentaire d'enseigner ne peut être une recette miracle ni le noyau dur de la pédagogie, il n'empêche que l'utiliser intelligemment apporte une plus-value non négligeable à la fois aux élèves et au professeur. La tenter n'enlève rien et peut apporter quelque chose de plus en termes de réussite pédagogique.

 

Adopter la démarche d’ingénierie pédagogique n’est pas forcément facile. On peut néanmoins y entrer très progressivement, en commençant par exemple par de 'petites' activités pédagogiques ponctuelles ou au long cours sur une année (le montage d'une exposition ou d'un atelier de lecture par exemples), puis passer à des actions plus importantes dans leur réalisation (construire un journal lycéen et participer à la Semaine de la presse, au concours Varenne des journaux lycéens, à un Marathon blog). Une fois qu'on possède bien la démarche I2P, on peut se lancer dans des activités pédagogiques plus ambitieuses (comme par exemple monter un spectacle, participer au Goncourt des Lycéens ou aux concours des plaidoiries pour les droits de l'Homme).

 

Dans tous les cas, la démarche d'ingénierie de projet pédagogique ajoute du plaisir à enseigner et redonne un certain allant quand la fatigue commence à gagner les travailleurs de l'éducation. Elle crée des synergies qui donnent parfois des résultats étonnants et inattendus en termes, sinon de réussite scolaire, de participation active de l'élève à son cursus scolaire. La conduite de la démarche I2P demande que l’on garde sa bonne humeur. Se décrisper est le maître mot car il est possible de se heurter parfois à une certaine incompréhension devant ce mode d'enseignement différent.

 

Alors que le métier de professeur se complexifie de plus en plus, il semble vital que les enseignants puissent concevoir des démarches qui fassent sens pour les élèves et puissent travailler à lever les blocages et les difficultés qui empêchent trop d'élèves d'entrer dans les apprentissages que l'Éducation nationale leur propose. 

 

Pour une mise en oeuvre de ce protocole I2P dans la classe

Voir ACTIVITES PEDAGOGIQUES

http://barbeypedagogie.jimdo.com/7-activites-pedagogiques/

 

 

A lire sur le sujet : 

Christian Puren, didacticien, professeur  émérite de l'Université de Saint-Etienne, « Projet pédagogique et ingénierie de l’unité didactique », Cahiers de l’APLIUT [En ligne], Vol.XXX N° 1 | 2011, mis en ligne le 15 février 2012, consulté le 10 juin 2013. URL : http://apliut.revues.org/3119 ; DOI : 10.4000/apliut.3119

http://apliut.revues.org/3119

 

Bruno Devauchelle, enseignant-chercheurs à l'UFR Lettres langues, département Ingénierie des Médias pour l'Education de l'Université de Poitiers (Laboratoire de recherche Techné), "Concevoir des cours, c'est de l'ingénierie pédagogique" (02:43) :

A consulter :

Université RENNES 1 -  Centre d'ingénierie et de ressources multimédia

https://suptice.univ-rennes1.fr/montage-de-projets-pedagogiques-et-numeriques