LES GRANDS COURANTS LITTÉRAIRES AU XVIème SIÈCLE

 

1. L'Humanisme

Ce courant de pensée a gagné toute l'Europe de la Renaissance. Humanitas en latin, désigne les qualités intellectuelles, morales et physiques qui distinguent l'Homme des autres créatures dans ce qu'il a de plus accompli.

 

Les origines du mouvement : Les grandes (re)découvertes

A la fin du XVe siècle, des découvertes importantes révolutionnent la vison du monde, l'imprimerie à caractères mobiles (1455, Gutenberg), l'exploration d'un nouveau continent (1492, Christophe Colomb), le développement de l'astronomie (Copernic, Galilée). Un nouveau regard est porté sur la place de l'Homme dans l'univers. Les Humanistes répandent cette idée d'une nouvelle place centrale de l'Homme.

 

La pensée humaniste : Un monde de paix, un monde de culture, un monde libre

Les humanistes rêvent d'un monde pacifié qui permet à l'Homme de s'épanouir. Ils imaginent une Europe unie, une République des Lettres dans l’intérêt de l'Homme avant celui de la politique ou de la religion. 

 

Pour tous se comprendre, les Hommes doivent être cultivés. L'éducation est donc au centre de la pensée humaniste. On cherche l'équilibre du corps et de l'esprit, un corps sain dans un esprit sain. Il faut donc associer exercice physique et savoir encyclopédique.

 

Les textes imprimés conduisent à apprendre le grec et l'hébreu. Les érudits comparent les textes de la Bible. Le Collège de France est créé en 1530. L'Homme cultivé est libre. Il a le droit de s'instruire, de lire et de penser librement. Il doit faire ses propres choix et obéir à son libre arbitre. Il développe son esprit critique et prend du recul sur les dogmes catholiques et la politique officielle des Etats.

 

Les nouvelles traductions de la Bible en langue du peuple (allemand en 1521) remettent en question l'Eglise catholique. Martin Luther, un moine allemand, s'attaque à la débauche des évêques et du pape. Jean Calvin fait la même chose en France. Guerres et répressions s'ensuivent.

 

L'Homme bon devrait s'épanouir mais ses valeurs sont relatives, son imagination peut fausser son jugement. Cette constatation rend le philosophe pessimiste.

 

Des auteurs et des œuvres :

Érasme (1469-1536)

Surnommé le Prince des Humanistes, il enseigne le latin, le grec et l’hébreu dans toute l'Europe. Dans L’Éloge de la folie, il adopte le point de vue de la folie qu'il surnomme Dame Stultitia pour dénoncer tous les défauts de son temps. Érasme est très ami avec Thomas More.

A lire sur Érasme :

http://www.larousse.fr/archives/grande-encyclopedie/page/4934#t259200

A lire sur L'Éloge de la folie, 1511 :

http://www.bacfrancais.com/bac_francais/683-erasme-eloge-folie-preface-thomas-more.php

A voir (durée 4:04) : https://www.youtube.com/watch?v=bwZbMqs9F1w

Thomas More (1478-1535)

Savant, juriste, théologien, homme d'état et martyr, il exerce une forte influence sur la réforme anglaise. Il a une vision futuriste d'une société idéale. Le mot utopie qu'il a inventé désigne souvent aujourd'hui quelque chose qui serait très souhaitable de réaliser mais qui dans la réalité est infaisable.

A lire sur Thomas More : http://agora.qc.ca/Dossiers/Thomas_More

A lire sur L'Utopie, 1516 : http://bacdefrancais.net/utopie.php

A voir (durée 3:48) : 

https://www.youtube.com/watch?v=x5m2pNsGnCU

François Rabelais (1494-1553)

Rabelais proclame que la Bible doit être le seul fondement du christianisme (Evangélisme) et rejette l'Eglise catholique. La morale doit reposer sur la nature et la foi. Pour ce faire, il propose un nouveau système d'éducation basé sur un savoir encyclopédique alliant langues anciennes (le grec surtout), l'expérimentation et l'exercice physique. En outre, on devrait apprendre dans la joie.

A lire sur Rabelais : http://classes.bnf.fr/dossitsm/b-rabela.htm

A lire sur Gargantua, 1534 : 

http://www.bacdefrancais.net/gargantua-rabelais-theleme-57.php

A voir (durée 6:58) : https://www.youtube.com/watch?v=DLQnZQwuyqI

Michel de Montaigne (1533-1592)

Montaigne est un grand lecteur. Dès 1570, il se met en retraite intellectuelle. Tout homme porte en lui la condition humaine. Que sais-je ? est sa devise. Le doute est un devoir. Mieux vaut ne pas juger en matière de morale, de politique ou de religion sous peine de connaître le conflit. La sagesse basée sur le savoir, la mesure, la connaissance de soi permet de vivre en accord avec la nature tout en se préparant à la mort. 

A lire sur Montaigne : http://classes.bnf.fr/dossitsm/b-montai.htm

A lire sur Les Essais, 1580-1595 : 

http://commentairecompose.fr/au-lecteur-montaigne/

A voir (durée 3:13): https://www.youtube.com/watch?v=v2ZZOSL8Gvk

Quelques citations clés :

Érasme :

“ C’est bien la pire folie que de vouloir être sage dans un monde de fous."

" Ce qui distingue le fou du sage, c'est que le premier est guidé par les passions, le second par la raison."

"Prenez un parangon de sagesse, celui qui a consumé dans l'étude son enfance et sa jeunesse, perdu le plus bel âge en veilles, soucis, labeurs sans fin et, le reste de sa vie, s'est privé du moindre plaisir. Toujours parcimonieux, gêné, morne, assombri, sévère et dur pour lui-même, assommant et insupportable pour autrui, pâle, maigre, valétudinaire, chassieux, usé de vieillesse, chauve avant l'âge, voué à une mort prématurée. Qu'importe au reste qu'il meure puisqu'il n'a jamais vécu ! "

- L’Éloge de la folie. 

Thomas More :

" Il existe une foule de nobles qui passent leur vie à ne rien faire , frelons nourris du labeur d'autrui , et qui, de plus, pour accroitre leurs revenus, tondent jusqu'au vif les métayers de leurs terres. Ils ne conçoivent pas d'autre façon de faire des économies, prodigues pour tout le reste jusqu'à se réduire à la mendicité. Ils trainent de plus avec eux des escortes de

fainéants qui n'ont jamais appris aucun métier capable de leur donner leur pain."

" Est-il, en effet, de plus belle richesse que de vivre joyeux et tranquille, sans inquiétude ni souci ? "

" Face au monde social réel construit tout au long de l'histoire des sociétés sur le principe de l'avoir et de l'accumulation privative des biens matériels au profit des puissants et des « déjà » riches, ce qui fait de l'homme un loup pour l'homme et de ceux qui dominent, les exploiteurs des peuples, on se prend à rêver d'un ailleurs où l'être de l'homme serait le bien suprême, son bonheur social, la fin rationnelle de toutes les institutions publiques et la recherche de la stabilité de la communauté humaine, l'objectif de toutes les magistratures."

- L'Utopie.

François Rabelais :

"Par une lecture attentive et une réflexion assidue, rompre l'os et sucer la substantifique moelle." (Prologue)

" Que tu es plein de bon sens, mon petit bonhomme; un de ces jours je te ferai passer docteur en gai savoir." (chapitre 13).

" Et toute leur règle tenait en cette  clause : FAIS CE QUE TU VOUDRAS. Parce que les gens libres, bien nés, bien éduqués, vivant en bonne société, ont naturellement un instinct, un aiguillon qu'ils appellent honneur et qui les pousse à agir vertueusement et les éloigne du vice." (chapitre 57).

"Rire est le propre de l'homme."

- Gargantua. 

Michel de Montaigne :

"Adonne-toi à l'étude des lettres pour en tirer quelque chose qui soit toute tienne."

" Il n'est rien de si beau et légitime que de faire bien l'homme."

- Les Essais. 

 2. La Pléiade

C'est un groupe de sept poètes du Collège de Coqueret à Paris qui veulent régénérer la langue française en remettant au goût du jour en les imitant les auteurs antiques latins et grecs tels que Ovide, Virgile ou Homère. Ils s'inspirent aussi des poètes italiens comme Pétrarque ou Dante. François Ier a fait du français la langue officielle du royaume en 1559 par l'ordonnance de Villers-Cotterêts. Mais le latin reste la langue savante des humanistes.

Les deux poètes les plus célèbres du groupe sont Joachim du Bellay et Pierre de Ronsard.

 

Les principes de La Pléiade :

La Pléiade cherche à enrichir la langue française en utilisant des mots dialectaux, techniques ou d'origine étrangère. Ils imitent les anciens pour renouveler l'inspiration. Ils abandonnent les formes du Moyen Âge (rondeaux, ballades) pour mieux revenir aux grands genres de l'Antiquité. Pour eux, la poésie est un art sacré qu'il faut pratiquer avec 'enthousiasme' (qui veut dire en grec 'transport divin'). Le poète doit être inspiré par les Muses et animé d'une flamme divine pour réussir son œuvre.

La Pléiade publie en 1549 son manifeste " Défense et illustration de la langue française" dans lequel la langue française par sa richesse est mise sur un pied d'égalité avec le latin ou le grec.

 

Des auteurs et des œuvres :

Pierre de Ronsard (1524-1585)

En 1550, Ronsard publie les Quatre premiers livres des Odes. Il est considéré dorénavant comme le "prince des poètes". Il  publie ensuite ses Hymnes, ses Amours, ses Discours et en 1572, La Franciade. Il célèbre la femme aimée et réfléchit sur le temps qui passe.

A lire sur Ronsard :  http://www.alalettre.com/ronsard.php

A lire sur ses poèmes :

https://geudensherman.wordpress.com/lit-16-fr/03-1550-1565/pierre-de-ronsard-1524-1585/

 

Joachim du Bellay (1522-1560)

En 1550, il sort son recueil intitulé "L'Olive", imitant le style de l'italien Pétrarque. 'Exilé' à Rome pendant quatre ans, du Bellay décrit son enthousiasme puis sa déception. En 1558, il publie Les Regrets et Les Antiquités de Rome. Il y parle de sa nostalgie pour sa patrie natale et fait la satire de la cour romaine.

A lire sur du Bellay :

http://www.bacdefrancais.net/biodubellay.htm

A lire sur ses poèmes : 

http://www.bacdefrancais.net/heureux-ulysse-du-bellay.php

A voir (durée 3:26) : https://www.youtube.com/watch?v=9vT8Qoi_PD8

Quelques extraits clés :

Pierre de Ronsard :

" Mignonne, allons voir si la rose
Qui ce matin avoit desclose
Sa robe de pourpre au Soleil,
A point perdu ceste vesprée
Les plis de sa robe pourprée,
Et son teint au vostre pareil. (...)
Donc, si vous me croyez, mignonne,
Tandis que vostre âge fleuronne
En sa plus verte nouveauté,
Cueillez, cueillez vostre jeunesse :
Comme à ceste fleur la vieillesse
Fera ternir vostre beauté."

- Ode à Cassandre. 

Lecture par Michael Lonsdale : https://www.youtube.com/watch?v=aMpGIjYfygw

Si tu t'imagines chanté par Juliette Greco : https://www.youtube.com/watch?v=RKKFGedanjU

Joachim du Bellay :

" Heureux qui comme Ulysse, a fait un beau voyage,

Ou comme celui-là qui conquit la toison,
Et puis est retourné, plein d'usage et raison,
Vivre entre ses parents le reste de son âge ! (...)
Plus me plaît le séjour qu'ont bâti mes aïeux,
Que des palais Romains le front audacieux, (...)

Plus que le marbre dur me plaît l'ardoise fine : (...)

Et plus que l'air marin la douceur angevine."

- Heureux qui comme Ulysse, Les Regrets.

Lu par Gérard Philipe : https://www.youtube.com/watch?v=WtPyrIsakTE

Heureux qui comme Ulysse chanté par Brassens : https://www.youtube.com/watch?v=2LFpHTGkBQo

Chanté par Ridan : https://www.youtube.com/watch?v=WefxVZLhm9U